Le secteur de
l’artisanat dans la région de Sidi Bouzid est exceptionnel par sa
diversité et son authenticité. Il joue un rôle clé dans
l’absorbation du chômage surtout dans les régions rurales,
malheureusement ce secteur connaît depuis des années un déclin
remarquable. Quelles sont donc les précarités de l’activité
artisanale ? Quel rôle peut jouer l’état pour sauver ce
secteur a Sidi Bouzid?
Les problèmes de ressources humaines :
Les changements
socio-économiques ont participé au recul du nombre des personnes
qui travaillent dans le domaine artisanal. C’est majoritairement
des filles qui travaillent dans la fabrication artisanale, hors,
aujourd’hui, ces jeunes filles préfèrent travailler dans des
usines (textile, jouets…etc.) à cause de la lenteur du cycle de
production d’un objet artisanal. La fabrication d’un tapis par
exemple dépasse 3 mois pour une seule fille.
Une des raisons qui
constituent aussi un handicap à l’intégration des jeunes filles
au marché de l’artisanat est l’éducation, la majorité des
filles ayant quitté l’école très tôt et ont peu de
connaissances en marketing.
L’organisme
concerné :
La problématique face
à laquelle se trouve la direction régionale de l’artisanat à
Sidi Bouzid est l’intégration de ces jeunes alphabètes et les
personnes âgées dans les cycles de formations.
La direction régionale
d’artisanat à Sidi Bouzid est un organisme très connu pour ses
encouragements aux jeunes artisans. Malheureusement, ces dernières
années son rôle est devenu très limité. En effet, il n’est
plus en charge de l’attestation de qualification professionnelle ni
la formation (Ils ont été transférés au centre de formation
professionnelle). La direction régionale d’artisanat n’est plus
en mesure de supporter financièrement les artisans à cause de sa
déficience budgétaire.
Ces changements ont
limité la capacité de cet organisme à encadrer et à supporter les
artisans de la région.
Les problèmes du
marché :
Parmi les problèmes
majeurs du marché de l’artisanat est l’attitude des
intermédiaires qui pressent sur les prix et qui réduisent les
marges de bénéfice des artisans en profitant de leurs conditions
difficiles et les limitations des choix qu’ils ont quand à la
vente de leurs produits sans oublier le manque de connaissances en
marketing dont souffre les artisans de la région et leur incapacité
par conséquence de commercialiser leurs produits.
Le secteur souffre dans
la région de sidi bouzid du manque d’espaces de distribution et de
vente (des boutiques artisanales, des foires…etc.).
Les perturbations et
crises économiques qu’on a connu ces dernières années ainsi que
la hausse des prix de la matière première a eu raison de la
capacité de production régionale. La production du tapis par
exemple a chuté de 11.290 m² en 2010 à 5005m² en 2011.
La région de Sidi
Bouzid n’est pas très ouverte aux marchés internationaux pour
pousser l’exportation des produits régionaux. Selon les
statistiques présentées par la direction régionale de Sidi Bouzid
en 2011 un seul artisan a participé à la foire de l’Allemagne.
Quelles que soient les
connaissances techniques de l’artisan ou le corps de métier auquel
il appartient, ce qui lui manque totalement c’est le sens de la
gestion de son atelier ce qui le garde toujours financièrement trop
dépendant de ses clients.
La précarité de
l’activité artisanale n’a pas changé après la révolution du
17 décembre étant étroitement liée à la dynamique touristique.
Ce secteur qui connaît une marginalisation de la part de l’office
national de l’artisanat dans la région de Sidi Bouzid doit être
valorisé par le nouveau gouvernement provisoire en prenant des
mesures urgentes pour sauver l’artisanat à Sidi Bouzid.
Certaines mesures sont
faciles et capables de freiner le recul du secteur et préparer sa
relance:
- Le fait de créer des centres de formations dans le domaine de la sculpture de pierre, la sculpture en bois d’olive, bigoterie, la fabrication de cuir, la fabrication d’habillement artisanale, la fabrication de «smar» et la fabrication de tapis.
- Il est nécessaire de trouver des mesures concrètes d’accompagnement des entreprises et des artisans qui ont pratiquement perdu leurs fonds et leurs clients.
- Le problème principal auquel les artisans à Sidi Bouzid sont confrontés est la non maitrise des techniques de marketing pour l’écoulement de leurs produits. Créer des cycles de formation en marketing pour les artisans, en priorités ceux des milieux ruraux, est donc primordial.
- Encourager les étudiants et les chercheurs de réaliser des recherches dans le secteur d’artisanat a Sidi Bouzid.
- Investir dans la valorisation des ressources naturelles de la région. On peut envisager d’exploiter un circuit de tourisme écologique dans plusieurs délégations (El Hfay, Meknasy…etc.).
Karima BRAHMI
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