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10 mars 2012

La situation de l’artisanat à Sidi Bouzid et les raisons de son déclin


Le secteur de l’artisanat dans la région de Sidi Bouzid est exceptionnel par sa diversité et son authenticité. Il joue un rôle clé dans l’absorbation du chômage surtout dans les régions rurales, malheureusement ce secteur connaît depuis des années un déclin remarquable. Quelles sont donc les précarités de l’activité artisanale ? Quel rôle peut jouer l’état pour sauver ce secteur a Sidi Bouzid?

Les problèmes de ressources humaines :

Les changements socio-économiques ont participé au recul du nombre des personnes qui travaillent dans le domaine artisanal. C’est majoritairement des filles qui travaillent dans la fabrication artisanale, hors, aujourd’hui, ces jeunes filles préfèrent travailler dans des usines (textile, jouets…etc.) à cause de la lenteur du cycle de production d’un objet artisanal. La fabrication d’un tapis par exemple dépasse 3 mois pour une seule fille.
Une des raisons qui constituent aussi un handicap à l’intégration des jeunes filles au marché de l’artisanat est l’éducation, la majorité des filles ayant quitté l’école très tôt et ont peu de connaissances en marketing.

L’organisme concerné :

La problématique face à laquelle se trouve la direction régionale de l’artisanat à Sidi Bouzid est l’intégration de ces jeunes alphabètes et les personnes âgées dans les cycles de formations.

La direction régionale d’artisanat à Sidi Bouzid est un organisme très connu pour ses encouragements aux jeunes artisans. Malheureusement, ces dernières années son rôle est devenu très limité. En effet, il n’est plus en charge de l’attestation de qualification professionnelle ni la formation (Ils ont été transférés au centre de formation professionnelle). La direction régionale d’artisanat n’est plus en mesure de supporter financièrement les artisans à cause de sa déficience budgétaire.
Ces changements ont limité la capacité de cet organisme à encadrer et à supporter les artisans de la région.

Les problèmes du marché :

Parmi les problèmes majeurs du marché de l’artisanat est l’attitude des intermédiaires qui pressent sur les prix et qui réduisent les marges de bénéfice des artisans en profitant de leurs conditions difficiles et les limitations des choix qu’ils ont quand à la vente de leurs produits sans oublier le manque de connaissances en marketing dont souffre les artisans de la région et leur incapacité par conséquence de commercialiser leurs produits.

Le secteur souffre dans la région de sidi bouzid du manque d’espaces de distribution et de vente (des boutiques artisanales, des foires…etc.).

Les perturbations et crises économiques qu’on a connu ces dernières années ainsi que la hausse des prix de la matière première a eu raison de la capacité de production régionale. La production du tapis par exemple a chuté de 11.290 m² en 2010 à 5005m² en 2011.

La région de Sidi Bouzid n’est pas très ouverte aux marchés internationaux pour pousser l’exportation des produits régionaux. Selon les statistiques présentées par la direction régionale de Sidi Bouzid en 2011 un seul artisan a participé à la foire de l’Allemagne.

Quelles que soient les connaissances techniques de l’artisan ou le corps de métier auquel il appartient, ce qui lui manque totalement c’est le sens de la gestion de son atelier ce qui le garde toujours financièrement trop dépendant de ses clients.

La précarité de l’activité artisanale n’a pas changé après la révolution du 17 décembre étant étroitement liée à la dynamique touristique. Ce secteur qui connaît une marginalisation de la part de l’office national de l’artisanat dans la région de Sidi Bouzid doit être valorisé par le nouveau gouvernement provisoire en prenant des mesures urgentes pour sauver l’artisanat à Sidi Bouzid.

Certaines mesures sont faciles et capables de freiner le recul du secteur et préparer sa relance:

  • Le fait de créer des centres de formations dans le domaine de la sculpture de pierre, la sculpture en bois d’olive, bigoterie, la fabrication de cuir, la fabrication d’habillement artisanale, la fabrication de «smar» et la fabrication de tapis.
  • Il est nécessaire de trouver des mesures concrètes d’accompagnement des entreprises et des artisans qui ont pratiquement perdu leurs fonds et leurs clients.
  • Le problème principal auquel les artisans à Sidi Bouzid sont confrontés est la non maitrise des techniques de marketing pour l’écoulement de leurs produits. Créer des cycles de formation en marketing pour les artisans, en priorités ceux des milieux ruraux, est donc primordial.
  • Encourager les étudiants et les chercheurs de réaliser des recherches dans le secteur d’artisanat a Sidi Bouzid.
  • Investir dans la valorisation des ressources naturelles de la région. On peut envisager d’exploiter un circuit de tourisme écologique dans plusieurs délégations (El Hfay, Meknasy…etc.).


Karima BRAHMI

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